"Le meilleur prix ne suffit plus, il faut de la qualité"

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Fin novembre 2023, MercurHosp organisait une formation en Value Based Healthcare. L'occasion pour le JM Hospitals de rencontrer Danny Havenith, directeur général de MercurHosp, et Nicolas du Bus de Warnaffe, Senior Buyer, pour parler du rôle d'une centrale d'achats pour les institutions de soins de santé.

 

Le JM Hospitals: Quel est l'intérêt, pour une centrale d'achats comme pour les hôpitaux, de s'intéresser au Value Based Healthcare et au Value Based Procurement?

Nicolas du Bus de Warnaffe: Les hôpitaux centralisent leur achats avec pour objectif de réaliser des économies et d'améliorer la qualité des services grâce à la mutualisation.

Il faut atteindre un standard de qualité qui corresponde aux besoins de nos membres, et de surcroit aux attentes des patients dans la qualité des soins qu'ils reçoivent. Ce standard de qualité et de mesure de l'outcome - du résultat - est indispensable pour l'achat de dispositifs médicaux, de médicaments, mais aussi pour des frais généraux tels que le catering ou l'installation de bornes électriques par exemple.

Passer par une centrale d'achats est-il, dans certains domaines, indispensable?

N.d.B.d.W.: Centraliser les achats apporte des bénéfices pour les hôpitaux: la mutualisation des volumes entraîne souvent de meilleurs prix, tout en ayant des produits/services soumis à des exigences de qualité, concertées par les hôpitaux participants aux marchés. Sans oublier que confier une parties de ses achats à une centrale engendre également une diminution de la charge de travail pour les hôpitaux.

Danny Havenith: La mutualisation permet de réaliser des économies par les achats qui, eux, représentent un tiers du budget des hôpitaux.

L'aspect financier est donc un atout, bien entendu, mais il y a également l'échange de bonnes pratiques entre les institutions qui se mettent autour de la table qui est bénéfique. Les institutions ont des expériences et des approches d'achats différentes à partager. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons développé une collaboration avec Iris-Achat ou avec d'autres centrales européennes.

Se regrouper permet également de faire "poids" face à une industrie centralisée et organisée avec des filiales dans chaque pays et des prix diffèrents d'un pays à l'autre.

Donc, oui, indéniablement passer par une centrale d'achats est indispensable, mais pas pour tous les marchés. Certains achats, tels que des travaux, se font en institution et d'autres tels que des logiciels IT ou de l'équipement, devraient se faire en réseau.

Une évolution complexe

MercurHosp existe depuis dix ans. Est-ce que vous constatez une amélioration dans la gestion des achats et le Value Based Healthcare?

D.H.: Certainement, et cela se fait par étape. Au début, nous nous sommes focalisés sur la professionnalisation des achats de consommables et nous avons créé des liens de confiance entre les institutions. Il s'agissait, à cette étape, essentiellement de trouver les meilleurs prix.

Ensuite, nous nous sommes attaqués à un degré de complexité plus élevé, avec les achats de médicaments et de medical devices. Pour ces marchés, le Value Based Healthcare est évidemment un incontournable car le meilleur prix ne suffit plus.

Depuis quelques années, nous voyons une nouvelle étape arriver, avec l'intégration progressive de critères de durabilité, de critères d'"expérience patient" ou de supply chain.

Ces évolutions rendent de plus en plus complexes ces achats et les hôpitaux membres ont conscience des enjeux et du chemin qu'il reste encore à parcourir. Nous avons également vu croitre un besoin de formation en marchés publics de la part des acheteurs, des pharmaciens ou même des médecins de nos institutions et avons donc mis en place ce service pour nos membres.

Le shake hand résiste
Avec cette obligation de passer par des marchés publics, le shake hand qui était auparavant la norme dans les hôpitaux privés a-t-il disparu?

D.H.: Sur les 100% de transactions qui devraient passer par marché public, seulement un tiers passe réellement par une procédure de passation. Cela ne veut pas dire que la loi n'est pas respectée: une procédure simplifiée, dans la limite des seuils, peut aussi respecter la loi, pour autant qu'il y ait eu trois sollicitations d'offre.

Il y a 20 ans d'ici, une institution était tributaire de la bonne volonté de l'industrie et de la relation fournisseur-client qui était bien moins équilibrée. Aujourd'hui, il est plus facilement admis que les marchés publics ne sont pas initiés pour complexifier les achats, mais servent à donner un cadre légal et sécurisant à ces achats, tout en visant l'exercice d'une juste concurrence.

Si je comprends bien, tous les hôpitaux ne respectent donc pas la loi de 2013?

N.d.B.d.W.: Les hôpitaux publics passent par des marchés publics depuis bien plus longtemps que les hôpitaux associatifs qui eux, y sont soumis depuis 2013. Il y a tant d'achats à réaliser au sein d'un hôpital et des impératifs de fonctionnement tels que, non, tout ne passe pas encore via marchés publics.

Du JM Hospitals du 22/02/2024

Laurent Zanella, Rédacteur en chef